Buna,ajutati-ma va rog sa traduc.
Il m’a appris que j’étais écrivain

Monsieur Barney, qui fut mon professeur de français en 4e, au lycée Saint-Justin de Lyon, m’a révélé à moi-même: il m’a appris que j’étais écrivain. Je n’imaginais pas alors, que j’écrirais. Et ce professeur m’a fait remarquer, que j’étais tout à fait doué pour l’écriture. II était tellement fin qu’il devinait en analysant chacune de mes rédactions l’auteur que je lisais alors: Pagnol, Saint-Exupéry, Zola, Marcel Aymé… Mes lectures laissaient une empreinte dans mes compositions. Parce qu’être doué, c’est d’abord imiter, et j’imitais spontanément. La justesse de ses remarques me fascinait. Et je me rends compte, avec le temps, que je suis vraiment devenu son disciple. Pour écrire, nous disait-il, deux choses comptent : bonheur et alacrité. Evidemment, la plupart d’entre nous ne savaient même pas ce qu’alacrité signifiait! Il nous l’expliquait: ça veut dire rapidité, allant, allégresse. J’espère, bien longtemps après, être arrivé à écrire avec bonheur et alacrité. C’est-à-dire avec une certaine prestesse. Quant au bonheur, j’y trouve le mien. Et un certain nombre de lecteurs également!
Les effets de Mai 68 (réforme scolaire de 1968)
Mais Monsieur Barney reste aussi associé, pour moi, à une renaissance. C’était un professeur qui favorisait l’émulation entre les élèves. Or, ce n’était pas du tout à la mode dans ces années-là (peu de temps après Mai 68). Et si cet événement a eu des effets positifs, il a également produit des effets. Le bon élève était suspecté d’être un suppôt de la bourgeoisie, un fils de famille, un fils de prof aidé par ses parents... Bref, il y avait une interprétation négative de 68 qui ne favorisait pas les études.
Quelques professeurs nous faisaient honte de nos bons résultats. J’en étais venu, comme tout enfant qui veut être considéré comme les autres, à rendre sciemment des copies médiocres pour me fondre dans la masse. Mes parents ont réagi en me changeant d’établissement, sous le prétexte d’y faire français latin-grec. C’est là que je suis entré dans la classe de M. Barney, ce professeur qui, lui, stimulait les élèves. Nous faisions des concours de latin, de grec, de français. Il nous incitait à rechercher l’excellence, en nous faisant remarquer que là était le but des études. C’était, pour moi, un discours neuf, même s’il était, bien entendu, en réalité très ancien. A moi, cependant, il semblait très neuf... Avec cet enseignant, j’ai retrouvé le goût d’aller en cours, et d’apprendre, comme un jeu, le grec et le latin. Je lui dois non seulement ma culture mais le plaisir de la culture.